En cas de rupture de contrat, quels qu’en soient la nature et le motif, le salarié perçoit différentes sommes en guise de compensation et de droits pour sa perte d’emploi. Ces prestations pécuniaires représentent le « solde de tout compte ». Celles-ci sont versées par l’employeur contre un reçu qui aura une valeur libératoire en cas de litige. Le contenu et la signature de ce document conditionnent les modalités de sa contestation par l’employé.

Sommaire :
Qu’est-ce que le solde de tout compte
Le reçu pour solde de tout compteModèle
Les obligations des parties, signature et cadre légal
Le contenu du solde de tout compte
Contestation
La dénonciation en pratique


 

Qu’est-ce que le solde de tout compte


Le solde de tout compte est l’ensemble de toutes les rémunérations et indemnités auxquelles un salarié a droit en cas de rupture de son contrat de travail (selon l’article L1234-20 Code du Travail). Il appartient à l’employeur d’en dresser l’inventaire et de le remettre à l’employé contre un « reçu pour solde de tout compte ».

Le solde de tout compte est dû indépendamment de la nature ou des motifs de la rupture du contrat de travail. Il est ainsi établi en cas de licenciement, de démission, de rupture conventionnelle, de fin d’un CDD, et de départ à la retraite notamment.

 

Reçu pour solde de tout compte


Le reçu pour solde de tout compte est le document qui détaille le « solde de tout compte » pour servir à l’employeur de justificatif du versement des sommes qui y sont contenues. Aussi, il sert surtout à délimiter les conditions de contestation par l’employé. Auparavant facultatif, ce document par l’employeur est devenu obligatoire selon la Circulaire DGT n°2009-5 du 17 mars 2009 pour toute rupture de contrat de travail.

Ce reçu est établi en double exemplaire avec une mention qui le rappelle, les deux parties conservent ainsi un exemplaire chacun. Lorsqu’il n’est pas fait en deux exemplaires ou que l’employé n’a pas reçu un exemplaire, le document ne produit plus d’effet, c’est-à-dire qu’il n’a plus de valeur libératoire.

Le reçu pour solde de tout compte doit être dûment signé et daté, mais seulement après la notification de la rupture du contrat de travail, soit au terme du préavis exécuté ou non.

Modèle de reçu


L’Urssaf fourni sur son site Pajemploi un modèle de reçu de solde de tout compte, ce dernier est disponible au téléchargement ici.

 

Obligations des parties, signature et cadre légal


L’employeur doit remettre au salarié le solde de tout compte par lettre recommandée avec accusé de réception ou en mains propres. Même si l’employé signe le reçu, celui-ci n’a de valeur juridique que lorsqu’il est signé avec la mention manuscrite « pour solde de tout compte ». La signature de l’employé concerne uniquement les sommes mentionnées dans le reçu pour solde de tout compte.

Cela ne le prive pas de toute contestation ni de formuler des réserves par des mentions telles que « sous réserve de mes droits » ou simplement « avec réserves ». La signature, la formulation de réserves ainsi que le respect des conditions de fond et de formes pour l’établissement du reçu en conditionnent les modalités de dénonciation.

 

Le contenu du solde de tout compte


Un employeur a intérêt à respecter les règles d’établissement du reçu pour solde de tout compte afin que celui-ci lui produise un effet libératoire. Il doit ainsi lister toutes les rémunérations, droits et indemnités auxquels le salarié a droit lors de la rupture du contrat de travail, à savoir :

  • Le salaire au prorata jusqu’au dernier jour de contrat ;
  • Les autres avantages, primes ou gratifications avec le détail du prorata selon les dispositions contractuelles ou conventionnelles, notamment le prorata d’un éventuel 13e mois ;
  • L’indemnité des congés payés non pris ;
  • Les heures supplémentaires non récupérées ;
  • Le solde des jours de RTT non pris ;
  • La prime de précarité (10% des rémunérations globales brutes versées pendant le contrat) en cas de CDD ;
  • L’épargne salariale ayant fait l’objet d’un déblocage par l’employé.

Il est conseillé à un employeur de détailler au maximum le reçu pour solde de tout compte. Il doit entre autres mentionner les modalités de calcul, les formules et données utilisées. Il peut notamment recopier les informations contenues dans le bulletin de paie, telles que la période effective de travail, ou le nombre de jours de congé payé pris et non pris.

En revanche, le reçu ne peut contenir des sommes restantes à payer ou ceux qui pourraient éventuellement être payés. Il s’agit par exemple de l’indemnité de non-concurrence ou de la prime d’intéressement future qui ne peut être fixée ni attribuée qu’à l’issue de l’exercice social en raison des modalités de son calcul.

 

Contestation


Le reçu pour solde de tout compte peut être contesté par le salarié et cela porte principalement sur les sommes qui y figurent. En effet, il se peut que l’employeur ait (intentionnellement ou non) fait une erreur ou un oubli en calculant les différentes rémunérations ou indemnités.

Comme évoqué plus haut, les modalités de dénonciation dépendent de la manière dont le document a été signé par le salarié :

  • Signature sans réserve : Dans ce cas, l’employé peut contester le reçu pour solde de tout compte dans les 6 mois qui suivent sa signature. Au-delà de ce délai, le document produit un effet libératoire pour l’employeur;
  • Signature avec réserves ou refus de signer : Dans ce cas, l’employé enlève la valeur libératoire du reçu pour solde de tout compte. La dénonciation peut ainsi être entamée dans les 3 ans qui suivent la remise du reçu pour tout solde de tout compte. Au-delà de ce délai, le reçu devient libératoire pour l’employeur.

Cependant, il faut savoir qu’au-delà de ces délais légaux, l’effet libératoire d’un reçu pour solde de tout compte ne concerne que les montants qui y sont mentionnés (selon l’article  L1234-20 du Code du Travail. Dans tous les cas, un salarié, qu’il ait signé ou non le reçu avec ou sans réserve, dispose toujours de 3 ans pour réclamer des sommes qui n’auraient pas été mentionnées dans le reçu pour solde. De son côté, l’employeur dispose de ce même délai pour réclamer les éventuels trop-perçus (sommes versées en trop).

Par ailleurs, la signature du salarié ne lui prive pas de son droit de contestation pour son licenciement par exemple. L’employeur ne peut donc pas s’en prévaloir lors d’une action en justice devant le conseil des prud’hommes.

 

La dénonciation en pratique


Selon l’article D1234-8 du Code du travail, la dénonciation du solde de tout compte doit se faire par lettre recommandée. Cela peut également se faire par une convocation en conciliation auprès du conseil de prud’hommes : « Lorsque, après établissement d’un reçu pour solde de tout compte, l’employeur reçoit, dans un délai de deux mois, une convocation en conciliation, celle-ci produit les effets de la dénonciation écrite et dûment motivée visée par l’article L. 122-17 du Code du travail ».

Le salarié doit préciser les motifs de sa contestation et a intérêt à en préciser les détails, notamment en mentionnant un chiffre alternatif avec les modalités de calcul. Il peut également demander à l’employeur des précisions sur les méthodes de calcul que celui-ci a utilisées pour les différentes sommes mentionnées sur le reçu.

Dans tous les cas, il est conseillé à tout employé de demander à se faire accompagner ou conseiller pour une permanence juridique ou des services de l’Inspection du travail. Cela permettra de confirmer la véracité des sommes qui lui sont réellement dues. Lorsque l’employeur ne donne pas suite à la contestation ou lorsqu’il refuse de payer les éventuels montants additionnels demandés, le salarié peut saisir le conseil des prud’hommes.